24 April 2013

Emigres et natation

J'emmene mes gamins a la piscine tous les vendredi apres-midi. Et le cours de natation c'est une microcosme de la societe anglaise; la moitie des participants/parents sont anglais, l'autre sont etrangers: bresiliens, pakistanais/indous, congolais/tanzaneens/ethiopiens, thai, tibetins, europeens de l'est (polonais? latviens?), roumains... et moi.

Les 2 categories ont tendance a ne pas se parler, par contre dans la categorie etrangers, ca discute et 'socialise'. Plutot par pays/continent, mais aussi inter-continents. Et moi je parle un peu a tout le monde.
Le parcours de tous ces gens m'interesserait enormemant, mais c'est impoli de creuser trop. Et ca peut etre douloureux. Ou indecent... Et comprendrais-je, vraiment?
Alors on se contente d'habitude de parler enfants, ecole voire travail.
Et parfois, on a l'occasion de voir ses propres prejuges/preconceptions re-evaluees. Comme quand on se demandait avec une dame tibetaine, comment allait cette autre dame pakistanaise qui avait quitte son foyer avec ses 2 fils pour cause (apparement) de mari abusif. Moi je trouvais ca courageux, d'un certain cote, de faire une chose pareille dans un pays etranger. Deja, dans son propre pays ce n'est pas une situation facile, mais se retrouver seule avec 2 enfants dans un pays a la culture totalement differente...
La dame tibetaine m'a repondu que la dame pakistanaise avait au contraire beaucoup de chance d'etre en GB parce qu'au Pakistan, il lui aurait ete impossible de partir, elle aurait ete severement punie, voire tuee, lapidee....

Comme quoi, les prejuges....

Ca me rappelle un episode de Doctor House ou l'une de ses assistante s'insurge contre le travail des enfants en Asie, ce sur quoi l'autre assistante, d'origine philippine, lui explique qu'elle est au contraire bien contente que son petit cousin travaille pour une boite americaine la-bas, parce que les structures au village sont deplorables, et ce qui l'attendrait a l'ecole, voire dans la rue, est bien pire...

Rien n'est ou tout noir, ou tout blanc.

Une autre fois, la dame thibetaine m'a appris qu'au Tibet les hommes et les femmes etaient vraiment supposes egaux et qu'une femme pouvait avoir plusieurs maris (polyandrie)! (qui voudrait de plusieurs maris?!? ;-) mais ca c'est un autre post!);  elle n'avait pas la culture pakistanaise en grande estime, qui pouvait traiter la moitie de sa population, les femmes, d'une facon aussi abominable.

Je trouve que j'ai beaucoup de chance.

Je me demande si dans la meme situation, en France, j'aurais pu avoir ce genre de relations avec ces gens croises au detour de mes activites quotidiennes. Aurais-je meme fait attention a eux, pris la peine de les saluer?
Est-ce mon statut d'emigree qui me permet ces interactions? Car je suis tout de meme une emigree, une emigree economique, chanceuse, qui peut retourner dans son pays et y retrouver famille et amis intacts; ou sa ville n'aura pas ete reduite en gravas, ensevelie sous les bombes; qui peut revenir sans risque de se retouvee violee, ou torturee, ou de voir ses enfants mourir de faim sous ses yeux.

Je trouve que j'ai vraiment beaucoup de chance.

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